Vadrouille des jonquilles
En dérisoires estampilles
30 mars : l’ébranlade
La Roulotte piaffe d’impatience depuis quelques jours depuis sa sortie de l’hibernation dans la Grange. Tous les petits soins, la grande toilette… tout la prédisposait au départ… Ne restait plus qu’à régler les soucis des voyageurs...
14 heures 30, le frein est lâché, et le cap est mis au sud pour rejoindre les autres vadrouilleurs attendant dans les côtes de Cébazat.
Les deux équipages prennent la route du sud à 17 heures pour une première étape courte prévue dans le Cantal à Allanche. Les roulottes quitte le grand axe autoroutier très chargé pour ce départ de Paques et oblique vers l’ouest par vallées et plateau pour franchir le massif au large du Sa&ncy. La route serpente et les bas-côtés se blanchissent après Champeix en montant vers Besse en Chandesse. Ce n’est qu’après Egliseneuve d’Entraigues en redescendant vers Condat en Fenier que le ciel s’éclaircit avant une arrivée à Allanche sous un beau soleil !
Le campement s’établit sur l’aire de l’ancienne gare. Le vélorail estival a définitivement remplacé le train et la ville est bien morte. Plus qu’un hôtel restaurant sans lumière sur les cinq passés, plus aucune des deux boucheries et une seule boulangerie survivante. La petite épicerie est tenue par un brave vieux qui doit repousser l’âge de sa retraite… la seule chose qui prospère dans les rues de la ville, ce sont les pancartes accrochées aux façades : « A VENDRE ». C’est par dizaines des plus petites masures au grands immeubles, des belles maisons de pierre aux pieds dans la rivière et la tête aux mansardes ensoleillées… Seul le notaire fait parler de lui dans un gros bourg mort.
La Roulotte piaffe d’impatience depuis quelques jours depuis sa sortie de l’hibernation dans la Grange. Tous les petits soins, la grande toilette… tout la prédisposait au départ… Ne restait plus qu’à régler les soucis des voyageurs...
14 heures 30, le frein est lâché, et le cap est mis au sud pour rejoindre les autres vadrouilleurs attendant dans les côtes de Cébazat.
Les deux équipages prennent la route du sud à 17 heures pour une première étape courte prévue dans le Cantal à Allanche. Les roulottes quitte le grand axe autoroutier très chargé pour ce départ de Paques et oblique vers l’ouest par vallées et plateau pour franchir le massif au large du Sa&ncy. La route serpente et les bas-côtés se blanchissent après Champeix en montant vers Besse en Chandesse. Ce n’est qu’après Egliseneuve d’Entraigues en redescendant vers Condat en Fenier que le ciel s’éclaircit avant une arrivée à Allanche sous un beau soleil !
Le campement s’établit sur l’aire de l’ancienne gare. Le vélorail estival a définitivement remplacé le train et la ville est bien morte. Plus qu’un hôtel restaurant sans lumière sur les cinq passés, plus aucune des deux boucheries et une seule boulangerie survivante. La petite épicerie est tenue par un brave vieux qui doit repousser l’âge de sa retraite… la seule chose qui prospère dans les rues de la ville, ce sont les pancartes accrochées aux façades : « A VENDRE ». C’est par dizaines des plus petites masures au grands immeubles, des belles maisons de pierre aux pieds dans la rivière et la tête aux mansardes ensoleillées… Seul le notaire fait parler de lui dans un gros bourg mort.
Vacheries en transhumance, en mai les Salers prennent de la hauteur...
31 mars : de cantal aux noix, jusqu'à la truffe...
D'Allanche à Mauriac par Riom es Montagne les paysages défilent entre les hauteurs enneigées du Puy Mary au Sud et du Sancy qui se fond dans le ciel du nord-est. La neige a libéré depuis peu les prairies d'altitudes feutrées par l'hiver.
Pleaux, Saint Julien... Puis c'est la traversée de la Corrèze et les tournicotis de petites escalades ou de plongées le long de la Dordogne à partir d'Argentat.
Le déjeuner sous la grisaille et la pluie nous arrête au Moulin de Chamalières, à quelques encâblures de Beaulieu. Puis c'est Martel et le charme de sa cité médiévale qui nous arrête pour une promenade en solitaires dans le dédales de ruelles étroites bordées de belles pierres.
L'église fortifiée offre le curieux spectacle d'une construction à rebondissements et cache un intérieur peint tout à fait remarquable, au même titre que les vitraux de son choeur d'une richesse extraordinaire.
C'est Souillac qui nous arrête ce soir avec la musique douce de la pluie éclaboussant le toit.
D'Allanche à Mauriac par Riom es Montagne les paysages défilent entre les hauteurs enneigées du Puy Mary au Sud et du Sancy qui se fond dans le ciel du nord-est. La neige a libéré depuis peu les prairies d'altitudes feutrées par l'hiver.
Pleaux, Saint Julien... Puis c'est la traversée de la Corrèze et les tournicotis de petites escalades ou de plongées le long de la Dordogne à partir d'Argentat.
Le déjeuner sous la grisaille et la pluie nous arrête au Moulin de Chamalières, à quelques encâblures de Beaulieu. Puis c'est Martel et le charme de sa cité médiévale qui nous arrête pour une promenade en solitaires dans le dédales de ruelles étroites bordées de belles pierres.
L'église fortifiée offre le curieux spectacle d'une construction à rebondissements et cache un intérieur peint tout à fait remarquable, au même titre que les vitraux de son choeur d'une richesse extraordinaire.
C'est Souillac qui nous arrête ce soir avec la musique douce de la pluie éclaboussant le toit.
En passant par Martel...
La verrière du chœur de l'église Saint-Maur de Martel
(de gauche à droite et de bas en haut) |
De la noix au raisin...
1er avril : De Souillac à Bourg
De la ville enracinée dans la Dordogne, la route conduit au travers du berceau périgourdin de notre humanité, aux Eyzies de Cro-magnon, à deux pas de Lascaux, en suivant la « vallée de l’homme » au bords de la Vézère.
Une fois passé Le Bugue, en vue de Bergerac, c’est déjà la vigne qui prospère et qui égrenne la litanie des titres de noblesse de château en château, Saint-Emilion grand cru, Castillon, Francs-côtes-de-bordeaux, Canon-Fronsac, Fronsac, Pomerol, Lalande-de-Pomerol, Lussac-Saint-Emilion, Montagne-Saint-Emilion, Puisseguin-Saint-Emilion... puis Blayais et Côtes de Bourg... C'est là sur le plateau surplombant l'estuaire de la Gironde, sur la rive droite de la Dordogne que les roulottes élisent domicile pour l'étape au Château Lacouture, le nez dans les vignes.
L'accueil vigneron est simple et de bon aloi dans une petite propriété de 12 hectares tenue par la troisième génération. la dégustation et la visite des chais aiguise les papilles, en particulier avec un rouge élevé en fûts de chênes qui va vieillir en soute pendant quelques jours avant de rejoindre la cave bourbonnaise.
Des vignes, des vignes et peu d'autres choses que des vignes le bordelais est bien vigneron avec la gloire que sa réputation propage qui s'élève derrière les grands portails monumentaux plantés en bord de route.
Parfois la gloire a péri et le château est en ruine au milieu de terres en friches... Et juste en face prospère une cave coopérative flambant neuve, accouchée sous les auspices de plus d'un demi million d'euros de subventions européennes et régionales.
Piquets de fer ou de bois, les alignements de ceps noirs dans un ordre géométrique parfait renvoie aux alignements tout aussi réguliers des croix blanches des cimetières militaires où sont enfouies les innombrables dépouilles des vendanges rouges de la guerre. Montusès en son temps en dénonçait bien l'inhumanité...
Cette vigne n'est-elle pas devenue aussi le stigmate d'une société délabrée quand un hectare de ces petites terres tout juste capables de nourrir la vigne aux racines profondes vaut de 20000 à 500 000 euros dès lors qu'elles sont devenues l'objet des spéculateurs, chinois parfois, mais aussi le plus souvent des banques ou des sociétés d'assurances françaises...
Pour l'instant l'ordre des privilégiés a encore besoin du tiers-état des saisonniers et autres ouvriers de la terre pour faire que le fric coule des pressoirs... Les pauvres bougres se désaltèrent au coca ou au rouge métissé "de différents pays de la communauté européenne".
De la ville enracinée dans la Dordogne, la route conduit au travers du berceau périgourdin de notre humanité, aux Eyzies de Cro-magnon, à deux pas de Lascaux, en suivant la « vallée de l’homme » au bords de la Vézère.
Une fois passé Le Bugue, en vue de Bergerac, c’est déjà la vigne qui prospère et qui égrenne la litanie des titres de noblesse de château en château, Saint-Emilion grand cru, Castillon, Francs-côtes-de-bordeaux, Canon-Fronsac, Fronsac, Pomerol, Lalande-de-Pomerol, Lussac-Saint-Emilion, Montagne-Saint-Emilion, Puisseguin-Saint-Emilion... puis Blayais et Côtes de Bourg... C'est là sur le plateau surplombant l'estuaire de la Gironde, sur la rive droite de la Dordogne que les roulottes élisent domicile pour l'étape au Château Lacouture, le nez dans les vignes.
L'accueil vigneron est simple et de bon aloi dans une petite propriété de 12 hectares tenue par la troisième génération. la dégustation et la visite des chais aiguise les papilles, en particulier avec un rouge élevé en fûts de chênes qui va vieillir en soute pendant quelques jours avant de rejoindre la cave bourbonnaise.
Des vignes, des vignes et peu d'autres choses que des vignes le bordelais est bien vigneron avec la gloire que sa réputation propage qui s'élève derrière les grands portails monumentaux plantés en bord de route.
Parfois la gloire a péri et le château est en ruine au milieu de terres en friches... Et juste en face prospère une cave coopérative flambant neuve, accouchée sous les auspices de plus d'un demi million d'euros de subventions européennes et régionales.
Piquets de fer ou de bois, les alignements de ceps noirs dans un ordre géométrique parfait renvoie aux alignements tout aussi réguliers des croix blanches des cimetières militaires où sont enfouies les innombrables dépouilles des vendanges rouges de la guerre. Montusès en son temps en dénonçait bien l'inhumanité...
Cette vigne n'est-elle pas devenue aussi le stigmate d'une société délabrée quand un hectare de ces petites terres tout juste capables de nourrir la vigne aux racines profondes vaut de 20000 à 500 000 euros dès lors qu'elles sont devenues l'objet des spéculateurs, chinois parfois, mais aussi le plus souvent des banques ou des sociétés d'assurances françaises...
Pour l'instant l'ordre des privilégiés a encore besoin du tiers-état des saisonniers et autres ouvriers de la terre pour faire que le fric coule des pressoirs... Les pauvres bougres se désaltèrent au coca ou au rouge métissé "de différents pays de la communauté européenne".
De vigne en vignes... De Châteaux en Domaines !
2 avril, cap au nord ouest sur les rives de la Gironde...
Les eaux brun chocolat dévalent vers l'océan dans un fort courant charriant de nombreux débri
Les carrelets s'accrochent à la berge et tendent sur le courant les petits filets piégeurs.
La route serpente à fleur d'eau dans le blayais après que le belvédère du Château Yqueym ait embrassé l'immensité de l'estuaire.
La halte de Blaye offre la découverte de la citadelle de Vauban, ancrage nord du verrou posé sur l'estuaire large à cet endroit de trois bons kilomètres. Cette cathédrale militaire parmi plus des dix douzaines jalonnant les frontières du royaume a traversé les siècles, les usages et les conflits en écornant à chaque avatar quelques unes des pierres taillées de ses murailles. Et, au détour d'une place les tours rognées d'un château fort du Moyen-Age rappelle que le temps des défenses laisse supposer que les menaces changent en persistant... Les hautes tours du château fort gênaient les tirs d'artillerie du fort de Vauban, du coup on les rogna... Plus tard pendant la guerre de 14 ce sont d'autres batteries d'artilleries qui s'installent au cœur de la citadelle ; mais cette fois ci la portée des canon n'exigeait plus qu'on installe un fort intermédiaire sur un banc de sable au milieu de l'estuaire !
plus pacifiques aujourd'hui, les lapins ont colonisé les grands fossés secs... et les touristes de passage les rues et les pelouses de la citadelle ! Et les seconds sont plus surpris des détonations qui montent d'un fossé aménagé en stand de tir que les jeannots qui s'ébrouent dans l'herbe...
Franchie la limite départementale de la Charente Maritime le cognac et le pineau s'affichent au coin des vignes en passant des Châteaux aux Domaines. La vigne singe la société avec ses jardins d'enfants de jeunes plants dont les pousses tendres sont protégées des grignoteurs par les plastiques colorés ; plus loin les plus vieux contorsionnent leur membres noueux qui sont venus à bout des fils de fer qui les supportaient. Et parfois, un peu comme à l'hospice dont on est sur qu'ils ne fugueront plus les plus vieux sont seuls, sans fils ni piquets, attendant l'heure fatidique de l'arrachage.
Les eaux brun chocolat dévalent vers l'océan dans un fort courant charriant de nombreux débri
Les carrelets s'accrochent à la berge et tendent sur le courant les petits filets piégeurs.
La route serpente à fleur d'eau dans le blayais après que le belvédère du Château Yqueym ait embrassé l'immensité de l'estuaire.
La halte de Blaye offre la découverte de la citadelle de Vauban, ancrage nord du verrou posé sur l'estuaire large à cet endroit de trois bons kilomètres. Cette cathédrale militaire parmi plus des dix douzaines jalonnant les frontières du royaume a traversé les siècles, les usages et les conflits en écornant à chaque avatar quelques unes des pierres taillées de ses murailles. Et, au détour d'une place les tours rognées d'un château fort du Moyen-Age rappelle que le temps des défenses laisse supposer que les menaces changent en persistant... Les hautes tours du château fort gênaient les tirs d'artillerie du fort de Vauban, du coup on les rogna... Plus tard pendant la guerre de 14 ce sont d'autres batteries d'artilleries qui s'installent au cœur de la citadelle ; mais cette fois ci la portée des canon n'exigeait plus qu'on installe un fort intermédiaire sur un banc de sable au milieu de l'estuaire !
plus pacifiques aujourd'hui, les lapins ont colonisé les grands fossés secs... et les touristes de passage les rues et les pelouses de la citadelle ! Et les seconds sont plus surpris des détonations qui montent d'un fossé aménagé en stand de tir que les jeannots qui s'ébrouent dans l'herbe...
Franchie la limite départementale de la Charente Maritime le cognac et le pineau s'affichent au coin des vignes en passant des Châteaux aux Domaines. La vigne singe la société avec ses jardins d'enfants de jeunes plants dont les pousses tendres sont protégées des grignoteurs par les plastiques colorés ; plus loin les plus vieux contorsionnent leur membres noueux qui sont venus à bout des fils de fer qui les supportaient. Et parfois, un peu comme à l'hospice dont on est sur qu'ils ne fugueront plus les plus vieux sont seuls, sans fils ni piquets, attendant l'heure fatidique de l'arrachage.
Le hasard fait parfois bien les choses...
Selon la légende, le pineau des Charentes est le fruit du hasard et a été découvert par un vigneron charentais en 1589. L'homme versa par erreur une quantité de moût de raisin dans une barrique qui contenait une certaine quantité d'eau de vie de cognac.
Lorsque la barrique fut ouverte quelques années plus tard, le pineau des Charentes était né.
Selon la légende, le pineau des Charentes est le fruit du hasard et a été découvert par un vigneron charentais en 1589. L'homme versa par erreur une quantité de moût de raisin dans une barrique qui contenait une certaine quantité d'eau de vie de cognac.
Lorsque la barrique fut ouverte quelques années plus tard, le pineau des Charentes était né.
L'appel de l'océan
Le flot de la Gironde est pressé d'aller à l'océan et profite de la marée basse pour s'y jeter plus vite encore.
Les gens d'ici ont beau nous vanter le sable fin de leurs plages, l'eau d'ici ne vient pas des Maldives et la mine café au lait des eaux n'invite guère à s'y baigner.
Au passage par Meschers, la découverte des falaises, des grottes qui s'y creusent et du chapelets de carrelets qui accrochent leurs passerelles au pied des roches vaut le détour.
Plus loin avec Saint Georges de Didonne, Royan et Saint Palais, l'industrie touristique façonne les paysages... Et l'accès à la côte se fait plus compliqué, ne serait-ce que pour embrasser l'horizon de la Pointe de Grave ou le point d'exclamation du roi des phares, Cordouan qui se dessine sur l'horizon.
Plus loin vers la pointe de la Coubre et sa forêt, on ne fait que passer, impossible qu'il est de trouver de quoi s'arrêter. Il faut joindre La Tremblade et rentrer à l'intérieur des terres pour pouvoir faire étape dans une région au demeurant intéressante, mais assez inhospitalière pour les nomades camping-caristes. peut-être considère-t-on par ici que cette espèce de touristes ne laisse pas assez de devise dans son sillage ? Et pourtant...
Les gens d'ici ont beau nous vanter le sable fin de leurs plages, l'eau d'ici ne vient pas des Maldives et la mine café au lait des eaux n'invite guère à s'y baigner.
Au passage par Meschers, la découverte des falaises, des grottes qui s'y creusent et du chapelets de carrelets qui accrochent leurs passerelles au pied des roches vaut le détour.
Plus loin avec Saint Georges de Didonne, Royan et Saint Palais, l'industrie touristique façonne les paysages... Et l'accès à la côte se fait plus compliqué, ne serait-ce que pour embrasser l'horizon de la Pointe de Grave ou le point d'exclamation du roi des phares, Cordouan qui se dessine sur l'horizon.
Plus loin vers la pointe de la Coubre et sa forêt, on ne fait que passer, impossible qu'il est de trouver de quoi s'arrêter. Il faut joindre La Tremblade et rentrer à l'intérieur des terres pour pouvoir faire étape dans une région au demeurant intéressante, mais assez inhospitalière pour les nomades camping-caristes. peut-être considère-t-on par ici que cette espèce de touristes ne laisse pas assez de devise dans son sillage ? Et pourtant...
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7... & HUÎTRES !
4 Avril : Pluie, averses, petites ondées... et soleil au coucher !
La journée est d'abord marquée par la visite au déjeuner chez des amis ; et leur accueil chaleureux fait oublier les caprices d'une météo bien désagréables aux voyageurs de ce matin. Ce ne sont plus les giboulées de mars mais les pluies averses d'avril accompagnées des bourrasques océaniques qui viennent saler les lèvres.
Au passage la visite d'une cabane où le vieil ostréiculteur trompait sa solitude en réalisant des petits paniers, des ronds, des carrés, des pointus, avec force fil de fer et treillages plastiques récupérés des poches à huîtres... Aussi chaleureux et disert que ses productions étaient d'art brut, le vieil homme nous aurait bien gardé plus longtemps à causer de tout et de rien, de la vie, de la sienne comme de la nôtre dont il était curieux.
Passé la pause déjeuner une petite visite à la cabane pour récupérer quelques douzaines des fameuses bestioles qui font la renommée de Marennes et les roulottes repartent à la découverte des marais. Une pause à Brouage dans le grand courant d'air de la rue centrale décoiffe et pique à la gorge dès qu'on s'échappe des innombrables boutiques des artisans créateurs aux doigts d'or qui font du cuir, du fer ou de la terre des petites prouesses esthético-touristiques. Sur la grande pelouse de la halle aux vivres, le guetteur tend son regard vers l'horizon de ses espérances, loin, très loin au-delà des murs élevés par des hommes peureux des autres. La rouille a envahi la construction de l'artiste sans en fragiliser la construction musculeuse et le geste sûr.
Pour l'étape du soir arrête les roulottes le nez à la mer sur un parking de Port des Barques avec l'espoir d'un beau coucher de soleil sur l'horizon de l'Ile Madame dont la côte est festonnée de tous ses carrelets, frèles esquifs bravant le flot et le souffle de l'océan.
La journée est d'abord marquée par la visite au déjeuner chez des amis ; et leur accueil chaleureux fait oublier les caprices d'une météo bien désagréables aux voyageurs de ce matin. Ce ne sont plus les giboulées de mars mais les pluies averses d'avril accompagnées des bourrasques océaniques qui viennent saler les lèvres.
Au passage la visite d'une cabane où le vieil ostréiculteur trompait sa solitude en réalisant des petits paniers, des ronds, des carrés, des pointus, avec force fil de fer et treillages plastiques récupérés des poches à huîtres... Aussi chaleureux et disert que ses productions étaient d'art brut, le vieil homme nous aurait bien gardé plus longtemps à causer de tout et de rien, de la vie, de la sienne comme de la nôtre dont il était curieux.
Passé la pause déjeuner une petite visite à la cabane pour récupérer quelques douzaines des fameuses bestioles qui font la renommée de Marennes et les roulottes repartent à la découverte des marais. Une pause à Brouage dans le grand courant d'air de la rue centrale décoiffe et pique à la gorge dès qu'on s'échappe des innombrables boutiques des artisans créateurs aux doigts d'or qui font du cuir, du fer ou de la terre des petites prouesses esthético-touristiques. Sur la grande pelouse de la halle aux vivres, le guetteur tend son regard vers l'horizon de ses espérances, loin, très loin au-delà des murs élevés par des hommes peureux des autres. La rouille a envahi la construction de l'artiste sans en fragiliser la construction musculeuse et le geste sûr.
Pour l'étape du soir arrête les roulottes le nez à la mer sur un parking de Port des Barques avec l'espoir d'un beau coucher de soleil sur l'horizon de l'Ile Madame dont la côte est festonnée de tous ses carrelets, frèles esquifs bravant le flot et le souffle de l'océan.
De détour en retour !
5 avril : Le soleil se lève sur l'Ile Madame au nez de la roulotte garée le museau dans les embruns
La marée descendante laisse deviner d'un mouvement des vagues le chemin quui bientôt la rattachera à la côtee.
La première halte sur le chemin du nord sera pour un coup d’œil curieux au Pont Transbordeur sur la Charente d'Echillais. On ne le vois plus derrière une lourde enveloppe d’échafaudages et ses hautes tours coiffées d'emballages plastiques blancs... Il est en grands travaux de rénovation, désamiantage, réparations et peinture... Un gros chantier. Le petit musée qui en présente l'histoire ne manque pas d'intérêt avec sa nacelle "virtuelle" qui fait traverser les visiteurs d'un bord à l'autre...
Cap sur La Rochelle avec l'espoir d'une petite promenade sur le vieux port... Bienvenus à La Rochelle, mais sitôt arrivés, sitôt partis.
pas moyen de se poser à La Rochelle, stationnement interdit aux véhicules de plus de deux mètres de haut et de plus de cinq mètres de long... Si vous avez une carte bancaire un espace vous est réservé quelque part ailleurs, là où quelqu'un a décidé de vous parquer derrière la barrière du parcmètre...
Humeur chagrine !
Tant pis pour La Rochelle, c'est le petit village d'Esnandes au bord de l'anse de l'Aiguillon qui fait l'étape. Soleil et belle nature sur la petite falaise dominant l'estran de pierre festonnées gravée par les marées où s'élancent les passerelles des carrelets, un régal de tranquillité à côté de la réserve ornithologique. Tout compte fait, La Rochelle avait raison de nous chasser...
Cap à l'est vers Niort et Melle pour s'approcher de l'étape de vendredi tout près de Ruffec : la route est monotone dans une campagne de grandes cultures aux horizons mornes. Seul le vert des cultures printanière ravigote les platitudes.
La halte de Melle donne à voir quelques beaux éléments d'architecture avec la curiosité d'un four dont le cœur semble encore chaud...
L'étape du soir arrête les roulottes à Chef Boutonne, tout un programme avec un petit enlisement à la clé dans un terrain gorgé d'eau !
La marée descendante laisse deviner d'un mouvement des vagues le chemin quui bientôt la rattachera à la côtee.
La première halte sur le chemin du nord sera pour un coup d’œil curieux au Pont Transbordeur sur la Charente d'Echillais. On ne le vois plus derrière une lourde enveloppe d’échafaudages et ses hautes tours coiffées d'emballages plastiques blancs... Il est en grands travaux de rénovation, désamiantage, réparations et peinture... Un gros chantier. Le petit musée qui en présente l'histoire ne manque pas d'intérêt avec sa nacelle "virtuelle" qui fait traverser les visiteurs d'un bord à l'autre...
Cap sur La Rochelle avec l'espoir d'une petite promenade sur le vieux port... Bienvenus à La Rochelle, mais sitôt arrivés, sitôt partis.
pas moyen de se poser à La Rochelle, stationnement interdit aux véhicules de plus de deux mètres de haut et de plus de cinq mètres de long... Si vous avez une carte bancaire un espace vous est réservé quelque part ailleurs, là où quelqu'un a décidé de vous parquer derrière la barrière du parcmètre...
Humeur chagrine !
Tant pis pour La Rochelle, c'est le petit village d'Esnandes au bord de l'anse de l'Aiguillon qui fait l'étape. Soleil et belle nature sur la petite falaise dominant l'estran de pierre festonnées gravée par les marées où s'élancent les passerelles des carrelets, un régal de tranquillité à côté de la réserve ornithologique. Tout compte fait, La Rochelle avait raison de nous chasser...
Cap à l'est vers Niort et Melle pour s'approcher de l'étape de vendredi tout près de Ruffec : la route est monotone dans une campagne de grandes cultures aux horizons mornes. Seul le vert des cultures printanière ravigote les platitudes.
La halte de Melle donne à voir quelques beaux éléments d'architecture avec la curiosité d'un four dont le cœur semble encore chaud...
L'étape du soir arrête les roulottes à Chef Boutonne, tout un programme avec un petit enlisement à la clé dans un terrain gorgé d'eau !
6 avril : rendez-vous avec l'anglais marchand de remorques...
C'est dans un coin perdu au fond de la campagne de haute Charente que se niche l'entreprise de ce britannique marchand de remorques. Quelle galère pour les chauffeurs de camions qui lui assurent ses livraisons... la petite route à une place ne supporte pas qu'un ennemi pointe sa calandre au sortir d'un virage, pas de place pour deux et les accotements ne sont pas particulièrement hospitaliers.
Mais au bout du chemin la qualité du professionnel colle bien à celle des produits qu'il commercialise : bel ouvrage importé d'outre-manche...
Pour rester dans les terres intérieures le trajet du jour fait une halte chez un brocanteur en portes ouvertes, quel capharnaüm d'objets poussiéreux et bien mal présentés... Un modèle de mépris de l'objet comme de ses usages et de celles et ceux qui les ont fait vivre !
La pause pour l'étape du soir met le nez des roulottes au bord de l'eau du lac de Lavaud, une des retenues de la haute Charente, sous un soleil radieux et au souffle d'une brise toute douce.
C'est dans un coin perdu au fond de la campagne de haute Charente que se niche l'entreprise de ce britannique marchand de remorques. Quelle galère pour les chauffeurs de camions qui lui assurent ses livraisons... la petite route à une place ne supporte pas qu'un ennemi pointe sa calandre au sortir d'un virage, pas de place pour deux et les accotements ne sont pas particulièrement hospitaliers.
Mais au bout du chemin la qualité du professionnel colle bien à celle des produits qu'il commercialise : bel ouvrage importé d'outre-manche...
Pour rester dans les terres intérieures le trajet du jour fait une halte chez un brocanteur en portes ouvertes, quel capharnaüm d'objets poussiéreux et bien mal présentés... Un modèle de mépris de l'objet comme de ses usages et de celles et ceux qui les ont fait vivre !
La pause pour l'étape du soir met le nez des roulottes au bord de l'eau du lac de Lavaud, une des retenues de la haute Charente, sous un soleil radieux et au souffle d'une brise toute douce.
Rentrer pour ressortir, revenir pour repartir, boucler la boucle et être de retour aux pénates, bientôt...
7 avril : la route penche pour le retour...
Sur la route la première halte curiosité arrête les roulottes au pied du Château de Rochechouart. La forteresse dont la restauration des murailles sera bientôt achevée abrite le Musée d'art contemporain et quelques œuvres meublent les extérieurs, toutes remarquables !
Plus loin c'est dans la cité de la porcelaine que le temps d'une promenade conduit en piétons vers la Gare des Bénédictins. L'architecture de l'édifice fait honneur à l'usage du train et montre à l'envie la valeur que les contemporains de son édification accordaient au progrès dans l'accès du plus grand nombre à la mobilité. De son fier beffroi dont les cadrans égrainant le temps ont oublié depuis longtemps que des trains arrivaient à l'heure. Plus tristement inquiétant, le coup d’œil sur les supports des caténaires trahit la vétusté et le niveau d'entretien des infrastructures d'un réseau ferroviaire à l'agonie, rongé par les fantaisies du tout TGV (à ne pas confondre avec le TGV pour tous!).
Après avoir remonté le cours de la Charente presque jusqu'à sa source, les roulottes accompagnent les caprices de la Vienne dont les eaux sombres dévalent sa vallée encaissée.
Sur la route la première halte curiosité arrête les roulottes au pied du Château de Rochechouart. La forteresse dont la restauration des murailles sera bientôt achevée abrite le Musée d'art contemporain et quelques œuvres meublent les extérieurs, toutes remarquables !
Plus loin c'est dans la cité de la porcelaine que le temps d'une promenade conduit en piétons vers la Gare des Bénédictins. L'architecture de l'édifice fait honneur à l'usage du train et montre à l'envie la valeur que les contemporains de son édification accordaient au progrès dans l'accès du plus grand nombre à la mobilité. De son fier beffroi dont les cadrans égrainant le temps ont oublié depuis longtemps que des trains arrivaient à l'heure. Plus tristement inquiétant, le coup d’œil sur les supports des caténaires trahit la vétusté et le niveau d'entretien des infrastructures d'un réseau ferroviaire à l'agonie, rongé par les fantaisies du tout TGV (à ne pas confondre avec le TGV pour tous!).
Après avoir remonté le cours de la Charente presque jusqu'à sa source, les roulottes accompagnent les caprices de la Vienne dont les eaux sombres dévalent sa vallée encaissée.
Plus d'échappatoires !
8 avril : , retour au bercail !
Le dernier jour du voyage a toujours un goût curieux, encore en voyage, mais plus tout-à-fait... Pas encore revenu, mais c'est tout comme et il faut trouver mille prétexte pour écarter la roulotte du chemin le plus court, lambiner, lanterner, traîner et même traînasser, s'attarder, musarder, en un mot jusqu'au bout : vadrouiller. Et c'est ainsi que la roulotte va faire cent vingt kilomètres pour parcourir les quarante cinq qui nous séparaient ce matin de la maison.
La première halte prend le prétexte de l’histoire pour un moment de recueillement à la Carrière des Grises sur les contrefort ouest de Montluçon. C'est là que la soldatesque nazie assassina 40 Résistants le 14 août 1944, à quelques jours de la Libération de la ville.
Un petit tour par la Combraille et c'est l'occasion de se perdre dans les fonds de Rochebut pour y photographier le vieux pont suspendu interdit à la roulotte pour cause d'embonpoint ! Et ce n'est pas sans peine qu'il lui fallut rebrousser chemin dans un mouchoir de poche à l'entrée du pont pour regagner les petites routes sinueuses passant par Chambonchard en remontant la vallée du Cher. La halte architecture du Chambon sur Vouèze a fait prendre la mesure de l'imposante abbatiale et de toutes ses dépendances. L'intérieur plutôt sombre est aussi froid que l'austérité de l'immense nef. Seul le grand vitrail illuminant le chœur réchauffe l'atmosphère du lieu.
Evaux les Bains, Marcillat en Combraille, Ronnet, La Celle, les villages s'égrainent le long du chemin sinueux du retour dans des "territoires" qui ne donnent plus guère signe de vie ; même les arbres déliés de leurs haies semblent y mourir d'ennui.
Le dernier jour du voyage a toujours un goût curieux, encore en voyage, mais plus tout-à-fait... Pas encore revenu, mais c'est tout comme et il faut trouver mille prétexte pour écarter la roulotte du chemin le plus court, lambiner, lanterner, traîner et même traînasser, s'attarder, musarder, en un mot jusqu'au bout : vadrouiller. Et c'est ainsi que la roulotte va faire cent vingt kilomètres pour parcourir les quarante cinq qui nous séparaient ce matin de la maison.
La première halte prend le prétexte de l’histoire pour un moment de recueillement à la Carrière des Grises sur les contrefort ouest de Montluçon. C'est là que la soldatesque nazie assassina 40 Résistants le 14 août 1944, à quelques jours de la Libération de la ville.
Un petit tour par la Combraille et c'est l'occasion de se perdre dans les fonds de Rochebut pour y photographier le vieux pont suspendu interdit à la roulotte pour cause d'embonpoint ! Et ce n'est pas sans peine qu'il lui fallut rebrousser chemin dans un mouchoir de poche à l'entrée du pont pour regagner les petites routes sinueuses passant par Chambonchard en remontant la vallée du Cher. La halte architecture du Chambon sur Vouèze a fait prendre la mesure de l'imposante abbatiale et de toutes ses dépendances. L'intérieur plutôt sombre est aussi froid que l'austérité de l'immense nef. Seul le grand vitrail illuminant le chœur réchauffe l'atmosphère du lieu.
Evaux les Bains, Marcillat en Combraille, Ronnet, La Celle, les villages s'égrainent le long du chemin sinueux du retour dans des "territoires" qui ne donnent plus guère signe de vie ; même les arbres déliés de leurs haies semblent y mourir d'ennui.
Voyage, voyages...
Voyager... ça sert à quoi de voyager ?
D'ailleurs, qu'est-ce qui peut bien pousser à partir sur les chemins d’ailleurs ?
Et si, dans le voyage, le plus important n'était pas de revenir pour de continuer de vivre après, avec le souvenir du voyage, avec les réminiscences des moments, des visions ou de la musique des rencontres qui vont émailler le quotidien dans le dialogue incessant de l'ici et de l'ailleurs.
On peut dire avec Gustave Nadaud que, si "rester, c'est exister, voyager c'est vivre". Dans le mouvement, la confrontation, la découverte...
Tous les voyages, le plus court comme le plus long commencent toujours par un premier pas... C'est aussi la vie, c'est aussi une des clé du bonheur : le premier pas, sans lequel le plus bel espoir ne fleurirait pas.
Y-a-t-il un seul voyage sans retour ?
Peut-être la mémoire... Le plus long et assurément le seul voyage sans retour ! C'est aussi le voyage le plus paradoxal en solitaire parmi les foules qu'on traverse ou qu'on accompagne...
Les yeux écarquillés, les oreilles dans le vent, et le nez en l'air pour saisir toutes les effluves de cet ailleurs, le voyage ne se fait que toutes écoutilles dehors. Le voyage est affaire de brigands, de pirates des boutiques souvenirs, avec les flibustiers du cliché, les aventuriers en cartes postales, tout se passe comme si le voyageur devait emmagasiner son voyage, prendre la route plutôt que l'emprunter... C'est l'appétit de cette passion gloutonne qui mesure la vertu ou le mérite du voyageur quand il s'imagine qu'il va faire voyager ceux qui sont restés à la maison en leur servant en guise de banquet les reliefs de son repas. Mais jamais la diapositive n'emportera l'esprit dans l'émotion profonde du paysage ou du visage, elle n'en sera que l'image ; on ne voyage pas par procuration !
L'imprévu de la prochaine escale, c'est bien ce qui fait de la vie un vrai voyage ; Le désir qui conduit à la connaissance d'autre chose, à faire que demain sera vraiment demain plutôt qu'un autre aujourd'hui. C'est à cela qu'on vérifie que la vie se sépare de l'existence, à considérer que l'autre respire aussi tout comme l'ailleurs qu'on découvre est l'ici de l'autre.
Peindre, écrire ou sculpter, agencer les sons de la voix ou les discours de l'instrument en mélodie, porter le regard vers les choses ou vers les autres, c'est aussi voyager au sens originel du mot. Le voyage est bien plus le chemin que le but qu'on lui assigne. Il est aussi bien plus ce qu'on apporte avec soi, ce que l'on est tout simplement et qui va faire que sur le même chemin personne ne fera le même voyage. Tout au plus il se partage pour que se frottent les approches et les découvertes. Pierre Desproges ne s'y trompait pas en insistant sur le fait qu'il est nécessaire d'être deux pour réussir un voyage de noces... mais pas sûr que ce soit suffisant !
Heureux qui comme Ulysse... et Pénélope, alors ?
Désirer, vouloir, agir, tous les voyages, parfois même immobiles, auront besoin de ces trois clés sur le chemin de leur bonne fortune.
Voyager... ça sert à quoi de voyager ?
D'ailleurs, qu'est-ce qui peut bien pousser à partir sur les chemins d’ailleurs ?
Et si, dans le voyage, le plus important n'était pas de revenir pour de continuer de vivre après, avec le souvenir du voyage, avec les réminiscences des moments, des visions ou de la musique des rencontres qui vont émailler le quotidien dans le dialogue incessant de l'ici et de l'ailleurs.
On peut dire avec Gustave Nadaud que, si "rester, c'est exister, voyager c'est vivre". Dans le mouvement, la confrontation, la découverte...
Tous les voyages, le plus court comme le plus long commencent toujours par un premier pas... C'est aussi la vie, c'est aussi une des clé du bonheur : le premier pas, sans lequel le plus bel espoir ne fleurirait pas.
Y-a-t-il un seul voyage sans retour ?
Peut-être la mémoire... Le plus long et assurément le seul voyage sans retour ! C'est aussi le voyage le plus paradoxal en solitaire parmi les foules qu'on traverse ou qu'on accompagne...
Les yeux écarquillés, les oreilles dans le vent, et le nez en l'air pour saisir toutes les effluves de cet ailleurs, le voyage ne se fait que toutes écoutilles dehors. Le voyage est affaire de brigands, de pirates des boutiques souvenirs, avec les flibustiers du cliché, les aventuriers en cartes postales, tout se passe comme si le voyageur devait emmagasiner son voyage, prendre la route plutôt que l'emprunter... C'est l'appétit de cette passion gloutonne qui mesure la vertu ou le mérite du voyageur quand il s'imagine qu'il va faire voyager ceux qui sont restés à la maison en leur servant en guise de banquet les reliefs de son repas. Mais jamais la diapositive n'emportera l'esprit dans l'émotion profonde du paysage ou du visage, elle n'en sera que l'image ; on ne voyage pas par procuration !
L'imprévu de la prochaine escale, c'est bien ce qui fait de la vie un vrai voyage ; Le désir qui conduit à la connaissance d'autre chose, à faire que demain sera vraiment demain plutôt qu'un autre aujourd'hui. C'est à cela qu'on vérifie que la vie se sépare de l'existence, à considérer que l'autre respire aussi tout comme l'ailleurs qu'on découvre est l'ici de l'autre.
Peindre, écrire ou sculpter, agencer les sons de la voix ou les discours de l'instrument en mélodie, porter le regard vers les choses ou vers les autres, c'est aussi voyager au sens originel du mot. Le voyage est bien plus le chemin que le but qu'on lui assigne. Il est aussi bien plus ce qu'on apporte avec soi, ce que l'on est tout simplement et qui va faire que sur le même chemin personne ne fera le même voyage. Tout au plus il se partage pour que se frottent les approches et les découvertes. Pierre Desproges ne s'y trompait pas en insistant sur le fait qu'il est nécessaire d'être deux pour réussir un voyage de noces... mais pas sûr que ce soit suffisant !
Heureux qui comme Ulysse... et Pénélope, alors ?
Désirer, vouloir, agir, tous les voyages, parfois même immobiles, auront besoin de ces trois clés sur le chemin de leur bonne fortune.