L'envolLever à 5 heures moins le quart pour rendez-vous à 5 h et demi...
Fébrilité, les voitures se suivent et plein de gens arrivent au rendez-vous sur le petit parking encore dans la nuit, des ombres s'agitent dans la lumière des phares... Une petite visite d'inspection fait repérer deux attelages avec des remorques portant des grands paniers... enfin grands jusqu'à un certain point, car si tout le monde doit monter là-dedans ça va le faire sardine... Appel des passagers, soulagement, il y en a là qui comme Clément, Lolo et Jacques ne sont qu'accompagnateurs des courageux voyageurs de l'extrême (du plaisir extrême s'entend). Briefing de départ et première désillusion, la loi du genre étant l'obéissance aux caprices de la météo, nous n'allons pas nous envoler du pied du Puy de Dôme, flanc Est sur lequel je nous voyais déjà faire monter le soleil levant avec nous... Nous allons nous envoler de l'autre côté, un peu plus bas que le Col des Goules vers Courteix, entre Vulcania et Pontgibaud... Du coup dans la précipitation il a fallu accélérer le départ de Clément avec Jacques et Lolo pour qu'ils nous suivent en camping-car jusqu'à l'envol... ce qui m'a valu un "on monte, là ça presse, on n'est pas au camping !"... 5 h 45 ! Trajet en Land-Rover avec les 7 passagers du vol, le pilote et le chauffeur récupérateur... Un autre minibus nous suit avec sa remorque chargée d’une nacelle et d’un autre ballon pour le second vol. 6 heures arrivée au point de départ, c'est le grand chantier de la préparation, déchargement, déballage, montage et gonflage. L'équipement de la nacelle est assez rustique, outre les quatre bonbonnes de gaz, les tubes qui alimentent trois tuyères et une poignée d’accessoires dans la case centrale réservée au pilote, le tout accuse un peu plus de 500 kilos… Et les 8 paires de câbles d'acier qui l'attachent au ballon sont bien fins ! Une fois la toile du ballon déroulée et étendue à plat sur le pré le gonflage commence à l'air froid avec deux gros ventilateurs ; il faut tenir la gueule ouverte pour que l'air s’engouffre mieux dans l’enveloppe, et petit à petit la toile se gonfle. Le pilote déambule à l'intérieur pour attacher, vérifier, déployer... tout un travail à l'intérieur de cette grosse bulle de 25 mètres d’où tombent quatre longues cordes gouvernant quelques ouvertures... 6 h et demi... Ça s'active, depuis la nacelle couchée sur le flanc, à l'horizontale, les brûleurs commencent à cracher leurs gerbes de feu dans l'ouverture béante du ballon, insensiblement, se gonfle encore et s'allège. Les ventilateurs s'arrêtent, les brûleurs vrombissent et doucement le ballon couché se lève, rétablissant la nacelle debout avec lui ! Les passagers sont rassemblés aux quatre coins de la nacelle, prêts à escalader son bord en engageant les pieds dans les trous étagés. Et puis ça y est, précipitation, le pilote donne l'ordre d'embarquer dans l’ordre, aux uns puis aux autres, par deux dans les quatre cases du grand panier de rotin et d'osier, pour garder l'équilibre de l'ensemble. A peine le dernier s’est-il hissé à bord que le sol se dérobe. La corde de l’amarre est lâchée, nous n’emportons pas le gros 4x4 avec nous… c'est parti ! Insensiblement la nacelle s'élève sous le gros ballon qui l'emporte, 1, 4 ou 10 mètres, peu importe, on ne s'en rend même pas compte autrement qu'en regardant les moutons se rapetisser dans les prés et la cime des sapins se dérober sous nos pieds. Le silence n'est troublé que par les conversations d'un émerveillement simple et plaisant dans l'intimité du petit panier qui nous emporte... et par les jets sonores du gaz enflammé des tuyères qui résonnent loin jusqu'à terre. Montée, descente, portée par l'air qui nous enveloppe nous allons où le vent nous porte. Et ce matin-là le paresseux ne nous pousse guère, 3, 4 km/heure, 10 ou 11 au plus fort... On n'a pas l'impression de faire du sur-place mais le déplacement est insensible, nous sommes suspendus, comme le temps. Et du coup le temps nous est donné de détailler tous les points de l'horizon à 360 degrés, de détailler lesquels des 90 volcans de la chaîne des puits nous bornent l'horizon ou de jeter un regard indiscret sur les errements de quelques humains tout juste éveillés qui sortent de leurs maisons sous nos pieds. Voyeurs que nous sommes, rien ne nous échappe, ni de la petite piscine derrière le pavillon, ni le formidable désordre du jardin d’à côté. On effraie aussi un couple de lièvres qui détalent dans un pré au bruit d’un coup de gaz, ou un petit chevreuil qui bêle à la recherche de sa mère qui l’attend à l’orée du taillis... Le pilote un peu canaille nous fait gratter la nacelle dans les pointes des grands sapins avant de nous lancer à plus de 1500 mètres plus haut pour ouvrir le panorama des Dômes. Mais voilà, dame météo qui nous gardait sur la bordure ouest de la chaîne des Puys nous mets aussi une petite couverture de brume matinale qui ne nous invite pas à grimper plus haut pour découvrir l'ampleur de la guirlande des volcans, ou même voir se découper à l'horizon les sommets alpins... Un peu plus haut, il aura suffi que le pilote sollicite une ou deux cordes pour que, libérant de l’air sur le flanc du ballon, ce dernier entame une lente rotation nous offrant un panoramique à 360 degrés, tout doucement, sans faire de bruit ! C'est comme ça, le menu du jour est dicté par l’état de nature, un peu comme celui d'un bon petit restaurant cuisinant les produits du marché du matin : une surprise et un régal à la fois, l’assurance de l’exclusivité ! C'est aussi ce qui fait la différence entre notre beau petit voyage dans les airs Auvergnats et le trajet galère des vacanciers d'en-bas, en file indienne sur l'autoroute, touristes seuls dans la foule en route vers leur destination sans rien voir en chemin, et nous là-haut, voyageant vers un quelque part que nous ne découvrirons qu’en arrivant, après avoir profité de tout jusque-là... parce que c'est ici qu'on arrive aujourd'hui. La compagnie faite du hasard des réservations a aussi son charme. L'unité du groupe se fait sur le mode d'accès, tout le monde a reçu le voyage en cadeau ! et ce n'est pas rien d'être ainsi réunis par l'attention des siens ! Un couple d'éleveurs d’un petit millier de brebis et de chèvres de la région espérait bien voir son troupeau paître entre Puy de Dôme et Pariou... Pas de chance, nous n'y passons pas ! Un jeune homme avait déjà fait l'expérience du parapente depuis le Puy de Dôme et découvre sa terre d'en haut d'une belle autre manière. Une jeune femme n'a pas convaincu son trop heureux futur époux trop peureux pour oser l'accompagner, et c'est sa mère qui se régale du voyage dans la case d’à côté... Le pilote passionné de vol en ballon, nous a raconté avoir tenté l'aventure malheureuse de son entreprise avant de se résoudre au statut de salarié pour continuer d'assouvir sa passion du vol en montgolfière... Avec nous, l'espace de quelques heures c'est une micro-société qui s'est affranchie des contingences du sol et de ses pesanteurs pour partager le plaisir de l'envol en montgolfière. Dommage aussi pour les images, entre la lumière rasante du petit matin, une petite brume et la chaîne des Puys à contre-jour , dur-dur pour l'esthétique. Depuis notre décollage nous avions une autre montgolfière en vue ; elle avait décollé juste après nous avec une demi-douzaine de passagers, et son yo-yo aérien avait croisé le nôtre avant de se terminer un peu avant nous dans une petite prairie proche du Vauriat. L’atterrissage s’est fait en douceur dans un grand pré d’herbe rase réduite en tapis brosse par la sécheresse, avant qu’un protocole rigoureux régisse le débarquement sous les ordres du pilote : chacun tente avec plus ou moins d’aisance de s’extirper de son coin de panier… ça y est, l’expérience est faite, et désormais ce seront les souvenirs qui nous ramèneront tutoyer les nuages ! Nous avons parcouru une bonne dizaine de kilomètres (7,5 km à vol d’oiseau), une petite envolée pour l’homme… Un grand bond pour sa félicité ! Si les semelles sont à terre, les bras sont désormais attendus pour ranger le véhicule ! Et c’est le processus inverse du départ qui s’enclenche : tout est bien calé, cinq gaillards au tir-à-la corde pour étendre l’enveloppe et les filles pour chasser l’air en aplatissant le ballon depuis sa gueule, c’est l’opération « dégonflage », puis liage à chaque mètre et pliage du ballon dans son gros sac tout rond, démontage des accessoires de la nacelle et dépose des brûleurs, etc. et chargement de la remorque… Avec le retour au point de rendez-vous, c’est l’occasion du partage du plaisir que les uns et les autres ont pris à l’aventure, de la séparation en au-revoir ! Un soir de 1782, Joseph Montgolfier avait observé la chemise de sa femme soulevée par l’air chaud de la cheminée… C’était le début d’une belle histoire ! 9 h 30 : c'est fini ! |
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